LAURISILVAE
La laurisilvae est un type de forêt subtropicale humide présente sur plusieurs des îles de la Macaronésie : Açores, Madère et îles Canaries. Elle présente des sols profonds et est caractéristique des versants septentrionaux soumis aux brumes des alizés, avec des précipitations annuelles de l’ordre de 500 à 1 100 mm d'eau et une température comprise entre 15 et 19 °C.
Ces forêts se composent de lauriers à feuilles persistantes, pouvant atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur, et abritent un riche biotope de plantes de sous-bois, d’invertébrés, d’oiseaux (pigeon des lauriers endémique des Canaries) et de chauves-souris, dont certains sont endémiques.
Origine
La laurisilvae couvrait à l’origine une grande partie des Açores et de Madère, ainsi qu'une partie des îles occidentales des îles Canaries, mais les forêts ont été grandement réduites par la coupe, le défrichage pour l’agriculture et le pâturage, ainsi que l’invasion d’espèces exotiques. Les plus étendues des laurisilvae sont toujours à Madère, où elle s'étage entre 300 et 1 300 mètres d’altitude, et où elles couvrent 149,5 km², soit environ 16 % de la superficie de l’île. Aux îles Canaries, environ 60 km² de laurisilvae existent encore à Tenerife et plus de 20 km² dans le Parc national de Garajonay à La Gomera. Aux Açores, de petites étendues subsistent sur les îles de Pico, Terceira, et São Miguel.
Composition et structure
Les laurisilvae de Macaronésie sont des reliques d’un type de végétation qui couvrait à l’origine la plupart du bassin méditerranéen-Macaronésie lorsque le climat de la région était plus humide. Lors de l’assèchement du bassin de la Méditerranée durant le Pliocène, les forêts de lauriers reculèrent progressivement, remplacées par des espèces plus résistantes à la sécheresse (sclérophylles). Les dernières laurisilvae sur le pourtour de la Méditerranée auraient disparu il y a environ 10 000 ans, à la fin du Pléistocène, lorsque le bassin de la Méditerranée se réchauffa et s’assécha, bien que quelques restes de la flore de ces forêts persistent encore dans les montagnes du sud de l’Espagne et du nord du Maroc. L’emplacement des îles de la Macaronésie dans l’Atlantique Nord a atténué ces fluctuations climatiques, et maintenu le climat relativement humide et doux qui permit à ces forêts de persister jusqu’à nos jours.
Les lauracées prédominantes incluent le Til (Ocotea foetens), le laurier (Laurus novocanariensis aux îles Canaries et Laurus azorica à Madère), Vinhático/Viñatigo (Persea indica), et Barbosano/Barbuzano (Apollonias barbujana); d’autres arbres importants incluent l’Aderno (Heberdenia excelsa), Pau Branco/Paloblanco (Picconia excelsa), Mocanos/Mocán (Visnea mocanera et Pittosporum coriaceum), Sanguinho (Rhamnus glandulosa), et les arbustes Folhado (Clethra arborea) et Perado/Oranger sauvage (Ilex perado). Les forêts abritent un sous-bois riche en fougères et herbacées, telles les Leitugas (Sonchus spp.), géraniums (Geranium maderense, Geranium palmatum and Geranium rubescens), les Estreleiras (Argyranthemum spp.) et l’orchidée endémique Goodyera macrophylla.