Entomophthora muscae
Entomophthora muscae (anciennement Empusa muscae) est une espèce de champignons qui s'attaque à la mouche domestique, qu'il envahit de son mycélium, la condamnant en quelques jours. Après la mort de l'insecte, le responsable s'extériorise en élaborant un halo mycélien externe autour du cadavre, immobilisé collé à une vitre par exemple.
On appelle muscardine l'attaque d'un insecte par des champignons.
Entomophthora muscae Champignon attaquant une mouche
Tueur de mouche : Souvent, avec la chaleur du printemps, des dizaines de calliphores s’amassent autour des fenêtres à l’intérieur de la maison. Ces grosses mouches bleues parasitent les vers de terre. Elles hivernent à l’intérieur des murs des maisons et, à l’arrivée des journées chaudes et humides, elles émergent pour pondre leurs oeufs sur les vers. Parfois, elles émergent du mauvais côté du mur. De temps en temps, vous verrez une de ces mouches collée à une fenêtre et entourée d’une auréole blanche. C’est le champignon Entomophthora qui a tué la mouche et éjecté ses spores qui forment une auréole. L’Entomophthora attaque plusieurs espèces de mouches. Ici, le champignon a attaqué la mouche des racines (Delia). On voit le champignon qui sort entre les anneaux de l’abdomen.
Le champignon Entomophthora muscae parasite les mouches et provoque une maladie mortelle qui les « momifient » ; du cadavre figé s’échappe ensuite un halo blanc de spores qui peuvent contaminer d’autres mouches. Les détails du cycle de vie de ce champignon entomophage ont été présentés dans la chronique « Le champignon mangeur de mouches ». Ici, nous allons nous intéresser aux liens étranges qui unissent les mouches et ce champignon tueur.
Si la mouche domestique est l’espèce la plus citée comme victime, c’est parce qu’elle est une des plus communes et très proche de nous (trop !) si bien que les infections sur cette espèce restent les plus visibles ; pour autant, on peut aussi l’observer sur de nombreuses autres espèces appartenant à des familles différentes. Ainsi, les syrphes, ces mouches colorées qui se reconnaissent à leur habitude de faire du vol sur place (hoverfly des anglais) subissent aussi des attaques régulières de ce parasite aussi bien sur de petites que des grandes espèces : les Melanostoma, très communes et souvent en populations denses là où elles trouvent du miellat, en sont régulièrement victimes.
Une telle gamme d’hôtes aussi disparate laisse penser que la réalité doit être plus complexe. En fait, l’espèce E. muscae a été décrite en 1855 sur la mouche domestique et, par la suite, on a appliqué ce nom à tous les champignons de même apparence s’attaquant à d’autres mouches. Des analyses cytologiques plus approfondies (contenu et nombre de noyaux) ont ainsi révélé à partir des années 1980 l’existence d’au moins six espèces réunies sous le nom collectif d’E. muscae sensu lato, autrement dit un complexe d’espèces cryptiques (1). Certaines se distinguent par des spores un peu différentes mais d’autres sont indiscernables morphologiquement et il faut recourir aux analyses génétiques pour les différencier. L’une d’elles au moins, E. scatophagae serait spécifique de la mouche du fumier (plus prosaïquement connue sous le vocable de « mouche à merde »), très fréquente à la campagne sur les bouses de vache. Les syrphes mentionnés ci-dessus sont parasités par E. grandis et E. syrphi.