Achillea millefolium - Achillée millefeuille - Herbe aux charpentiers
L'Achillée millefeuille ou la Millefeuille (Achillea millefolium L.) est une espèce de plantes herbacées vivaces de la famille des Astéracées.
Type : Vivace
Taille adulte (H x L): 0.8m x 0.6m
Période de floraison : Juillet, Août, Septembre
Utilisation : Plante couvre-sol, Vertus médicinales, Plante comestible
Il s'agit de l'espèce type de l'achillée millefeuille aux petites fleurs blanches regroupées en capitules. L'achillée aime les expositions ensoleillées, les sols légers, plutôt secs et peu calcaires mais relativement riches en matières organiques.
Son nom vient du fait que son feuillage particulièrement découpé donne l'impression d'un nuage composé de milliers de minuscules feuilles. L'achillée millefeuille a des vertus cicatrisantes, hémostatiques, toniques, antispasmodiques. Plante comestible, de jeunes pousses de l'achillée peuvent être ajoutées à une omelette ou une salade à laquelle elles apportent une pointe d'amertume et leurs vertus toniques et digestives. Séchées, les fleurs de l'achillée participent avantageusement à la composition de bouquets secs.
Achillea millefolium, l’achillée millefeuille est une plante vivace de la famille des Astéracées. C’est une plante très facile à cultiver du fait de son origine européenne et asiatique. En effet, l’achillée millefeuille est une plante indigène, complètement rustique, qui se rencontre couramment en bordures de route, prairies, ou dans les terrains vagues.
L’espèce botanique est vigoureuse à envahissante, c’est une plante médicinale au feuillage aromatique. Dans le jardin ornemental, ce sont ses cultivars qui sont appréciés pour leur longue floraison odorante et colorée.
Achillea millefolium
Achillée millefeuille
Espèce
Achillea millefolium
Étymologie et dénominations
Selon la légende colportée par Pline, naturaliste romain du Ier siècle apr. J.-C., son nom lui vient d'Achille, héros de la mythologie grecque blessé au cours de la guerre de Troie, qui s'en servit pour guérir sa plaie et celles de ses soldats, d'où son autre nom d'« herbe du Soldat ». Achille meurt cependant d'une flèche empoisonnée lancée par Pâris. Ce dernier a-t-il utilisé la vénéneuse parisette, l'herbe de Pâris, ou simplement l'arsenic ?
La plante possède plusieurs noms vernaculaires : herbe à dindes, herbes à dindons, persil à dinde, herbe aux charpentiers, herbe aux cochers, herbe aux militaires ou au soldat, herbe à la coupure ou saigne-nez, herbe de la Saint-Jean, herbe de Saint-Joseph et herbe des menuisiers, sourcils de Vénus.
Caractéristiques
Appareil végétatif
Feuille, détail
C'est une plante rhizomateuse vivace vigoureuse, à longue durée de vie. Elle se présente d’abord sous forme de touffes de feuilles, ayant progressivement tendance à tapisser le sol grâce à ses nombreux petits rhizomes très étendus. Son rhizome traçant noir porte des tiges sillonnées de 2 mm de diamètre, variant de 10 à 100 cm (plus généralement de 50 à 80 cm). Ces tiges sont uniques ou en groupe peu dense, à port dressé. Elles sont peu ramifiées et portent des poils laineux, courts et blanchâtres.
Les feuilles sont allongées, vert foncé, alternes, aux deux faces pubescentes, finement bipennatilobées (doublement pennées), découpées en fines lanières courtes (37 à 51 divisions principales situées sur des plans différents). Elles sont plus longues et pétiolées à la base (avec une base embrassante mais ne formant pas d'oreillette), plus courtes et sessiles au sommet. Elles mesurent de 2 à 15 cm de longueur pour une largeur de 0,6 à 3 cm. Elles dégagent une odeur légèrement camphrée.
Appareil reproducteur
Détail de l'inflorescence.
La floraison a lieu de juin à septembre.
Comme tous les membres de la famille des Astéracées, les « fleurs » sont en fait des capitules de 5 mm de diamètre souvent blanches, roses ou pourpres sur les bords (fleurons ligulés zygomorphes), alors que les fleurons du centre (fleurons tubulés actinomorphes) sont blanc-jaunâtre à jaunes. Ces capitules, qui apparaissent sur les réceptacles inflorescentiels aux sommets des tiges, forment des corymbes au sommet aplati ou un peu bombé.
Chaque fleur est entourée d'un involucre ovoïde formé de bractées poilues, ovales avec une extrémité obtuse, bordées d'une marge pâle ou brunâtre, ces bractées restant appliquées contre les akènes à maturité. Les bractées forment un pseudo-calice involucral, tandis que les cinq ligules constituent une pseudocorolle.
Chaque capitule mesure environ 5 ou 6 mm de diamètre et sont précédés d'un involucre aux bractées imbriquées comme les tuiles d'un toit. Le capitule contient généralement 5 fleurons ligulés, ne comprenant que des organes reproducteurs femelles, de 2 ou 3 mm de long, blanc ou parfois rose, rarement rouge. Ils entourent de 10 à 30 fleurons tubulés hermaphrodites, crème à jaunâtre. Tous les fleurons présentent un ovaire infère, dont le style se termine par un stigmate bifide.
Leur fécondation est entomogame. Le fruit est un akène oblong, aplati, dépourvu de soies, enfermant une petite graine de 2 mm de diamètre.
Écologie
Cette espèce est cosmopolite dans l'hémisphère Nord. On la trouve en Eurasie et en Amérique du Nord.
Son habitat type est les prairies mésohydriques, mais la plante tolère la sécheresse grâce à son système racinaire étendu. Elle est ainsi une plante indicatrice d'un sol plutôt sec et peu calcaire, pouvant évoluer en prairie épaisse à fromental. Elle peut se faire parasiter par l'Orobanche pourprée.
Plante héliophile, elle tolère mal l'ombre. Elle pousse dans zones à boisement peu dense (hêtraies-chênaies), sur les bords de route et les terrains vagues. Elle se comporte souvent en mauvaise herbe dans les lieux ouverts tels que pâturages, prairies, pelouses, bords de chemin et terrains vagues. Sa plasticité explique qu'on rencontre dans certaines pelouses fréquemment tondues, des formes basses de la plante dont la faible taille est due à des facteurs génétiques.
Cette plante est généralement peu appréciée par les bovins, mais peut être broutée par les ovins ou certains cervidés. Cette plante est mellifère
Propriétés
L'Achillée renferme plus d'une centaine de composés chimiques connus, dont :
- Huiles essentielles (eucalyptol, germacrane, camphre, chamazulène) l'azulène ne serait pas présent dans A. millefolium, mais dans des espèces voisines : A. lanulosa, A. collina ; par ailleurs l'azulène n'est pas présent dans la plante fraîche : il apparaît lors de la distillation des huiles essentielles)
- Flavonoïdes (apigénine-7-glucoside, artémétine, casticine, isorhamnétine, lutéoline-7-glucoside, rutine, 5-hydroxy-3, 6, 7,4-tetraméthoxyflavone)
- Alcaloïdes (achicéine, achilléine (synonyme potentiel de L-bétonicine), bétonicine, moschatine, stachydrine, trigonelline)
- Bases (bétaïne, choline)
- Polyacétylènes
- Monoterpènes (bornéol, acétate de bornyle, camphre, cinéol, limonène, sabinène, terpinène-4-ol, terpinéol, a-thujone)
- Triterpènes et sesquiterpènes
- Acides aminés (alanine, acide aspartique, acide glutamique, histidine, leucine, lysine, proline, valine)
- Acides gras (linoléique, myristique, oléique, palmitique, stéarique)
- Acide ascorbique
- Acide caféique
- Acide folique
- Acide salicylique
- Acide succinique
- Coumarines
- Tanins
Utilisation
Usage médicinal
Achillea millefolium en fleur
Histoire
Cette plante a été trouvée dans une tombe néandertalienne découverte lors de fouilles archéologiques à Shanidar, en Irak. Les hommes de Neandertal semblaient avoir une pharmacie rudimentaire basée sur les plantes, et l'une des huit plantes identifiées au moyen des grains de pollen trouvés sur ce gisement était l'achillée. Une analyse d'ADN a confirmé la présence d'ADN de cette plante dans de la plaque dentaire néandertalienne).
Le Grec Dioscoride (Ier siècle) fut le premier à mentionner la millefeuille comme une plante incomparable pour traiter les plaies saignantes ainsi que les ulcères anciens ou récents.
Pline l'Ancien, naturaliste romain du Ier siècle apr. J.-C., cite Achille, héros de la mythologie grecque, qui s'en servit avec de la rouille pour guérir la blessure de Télèphe. Au IVe siècle, le médecin bordelais Marcellus Empiricus devait reprendre cette thèse pour recommander la millefeuille contre les saignements.
Jusqu'au XIXe siècle, elle a été utilisée pour accélérer la cicatrisation. C'est une plante comestible dont on peut utiliser les feuilles (à goût astringent et à faible odeur camphrée).
Durant la Première Guerre mondiale, elle faisait partie du kit de première urgence porté par chaque soldat qui, faute de médicaments, pouvait soigner des blessures légères avec cette plante.
Utilisation
En France, l'utilisation médicinale traditionnelle de l'achillée millefeuille varie selon les régions sans rapport avec sa présence. Ainsi, cette plante fait partie des 20 plantes médicinales majeures en Moselle, mais elle n'est pas utilisée en Haute-Provence en dépit de sa grande abondance.
Les parties utilisées de la plante sont les sommités fleuries ou leur huile essentielle. Les propriétés anti-hémorroïdaires et anti-inflammatoires sont attribuées à des principes actifs, tels que les lactones sesquiterpéniques (comme l'achillicine) et le chamazulène. Les propriétés antispasmodiques aux flavonoïdes et antibactériennes à l'huile essentielle. Ces données résultent d'études in vitro et à la date de 2009, l'achillée millefeuille n'a fait l'objet d'aucune véritable étude clinique.
En France, selon l'Agence du médicament (1998), il est possible de revendiquer pour les sommités fleuries (voie orale) les indications thérapeutiques pour troubles et douleurs digestives ; et en usage local, comme traitement d'appoint antiprurigineux ou adoucissant d'affections dermatologiques et de piqûres d'insectes.
En Allemagne, les deux utilisations reconnues sont les troubles digestifs (voie orale) et les bains de siège (voie locale) pour douleurs pelviennes féminines d'origine psychosomatique.
Maria Treben la recommande pour de nombreux troubles du bas-ventre et affirme que l'achillée agit directement sur la moelle où elle active la formation du sang.
Elle est contre-indiquée pendant la grossesse, et chez les personnes allergiques aux Astéracées.
Cuisine
En cuisine, Lancelot de Casteau la cite dans son Ouverture de cuisine parmi les herbes qu'il faut pour faire des omelettes aux fines herbes.
Ses fleurs qui dégagent une odeur légèrement camphrée parfument les crèmes et les flans.
En Europe du nord-ouest (Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne), l'achillée millefeuille entrait dans la composition d'un mélange, le gruit, servant à parfumer la bière, utilisé du Moyen Âge jusqu'au XVIe siècle puis tombé en désuétude avec la généralisation de l'usage du houblon.
Culture
De l'achillée millefeuille découlent de nombreuses variétés horticoles, aux fleurs généralement très colorées:
- 'Appleblossom'
- 'Brilliant'
- 'Cassis'
- 'Cerise Queen'
- 'Cherry Red'
- 'Citrona'
- 'Fire King'
- Flamingo'
- 'Heidi'
- 'Judith'
- 'Lilac Beauty'
- 'Little Moonshine'
- 'Paprika'
- 'Red Velvet'
- 'Rosalie'
Ces hybrides horticoles sont très prisés dans les jardins ensoleillés, car les achillées sont reconnues pour leur bonne tolérance à la sécheresse. On lui connaît peu de problèmes d'insectes et maladies. Les espèces A. filipendulina et A. sibirica proposent aussi des variétés horticoles intéressantes.
Cette plante à stolons peut être utilisée comme couvre-sol sur de grandes surfaces. Elle permet alors de s'affranchir de la tonte nécessaire à un gazon classique.
Le jardinier peut confectionner un produit phytosanitaire avec ses fleurs, après une infusion à froid de 24 heures, pour renforcer des préparations fongicides.
L’achillée millefeuille facilite aussi le compostage.
Aspects culturels et historiques
Divination chinoise
Les tiges séchées de l'achillée sont utilisées comme bâtonnets au cours de l'achilléomancie, une technique divinatoire de l'antiquité chinoise, particulièrement en faveur sous la dynastie Zhou.
Dans le système de croyance lié au taoïsme, les Chinois utilisent traditionnellement ces tiges pour interroger l'oracle du Yi King, par un système de manipulations répétitives aboutissant à l'obtention de symboles numériques correspondant à des hexagrammes du Yi King.
Le procédé, censé favoriser la concentration sur la question posée et une certaine « adéquation à l'instant », se veut symbolique du changement perpétuel des phénomènes de l'univers (transformation d'un hexagramme dans un autre).
En paléographie chinoise, le mot suàn « calcul » représente deux mains manipulant des tiges divinatoires. L'ancêtre du boulier chinois fut un abaque où les valeurs numériques étaient matérialisées par des bâtonnets ou baguettes à calculer.
D'un point de vue historique, l'achillée utilisée à l'origine était plutôt Achillea sibirica (ou Achillea alpina) dite achillée de Sibérie ou Achillée des Alpes.